vendredi 4 janvier 2019

Semaine 8. Les invertébrés terrestres : les insectes


Ça n’arrête pas avec les vertébrés, par terre…

10 commentaires:

  1. Lise-
    Klein - propose une explication sur la conscience des invertébrés en exposant le fait que ceux sont des organismes capables d'expérience subjective qui font plus que simplement réagir : ils ont une perspective du monde avec une sensation phénoménologique unique. Il pense qu’il est possible pour l’invertébré d'avoir un ressenti.Klein espère changer les mentalités en faisant référence aux travaux de Bjorn Merker (2007), qui s’appuient sur des preuves tirées de l’anesthésie, de la recherche sur l’état végétatif, des troubles du développement, des lésions cérébrales.Nous soutenons que les insectes ont la capacité d’expérience subjective. Même si chez l'homme, la capacité d'expérience subjective est dissociable de la capacité de conscience auto-réflexive.
    Klein et ses collègues soutiennent que la centralisation dans le service de la sélection de l'action est l'avancée qui a permis l'évolution du ressenti.
    En somme, il clôt son discours en donnant son point de vue sur le problème dont il est difficile d’obtenir une réponse satisfaisante mais il souhaite surtout rendre la place légitime aux insectes qui jouent un rôle important dans les enquêtes et recherches.

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    1. Qu'est-ce que la « conscience auto-réflexive » ?

      (Je t'encourage à exprimer tout ça en termes de ressenti. C'est moins trompeur si on renonce aux mots équivoques comme conscience et subjectivité.)

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  2. L’article de Klein démontre que les insectes possèdent un système nerveux traitant et intégrant les informations physiologiques internes (faim, fatigue, etc.), les informations sensorielles et de position dans l’espace, de mémoire et de motivation. La compétition existant entre les actions possibles d’un organisme mobile est résolue grâce à la valence accordée par l’insecte aux stimuli (déterminée par l’environnement et l’état interne de l’insecte) et par ses capacités d’action (affordance ?). Klein argumente que le substrat neuronal permettant ces capacités serait fonctionnellement semblable au mésencéphale et aux noyaux gris centraux présents chez les vertébrés et permettrait le ressenti.
    Ce que le texte de Klein démontre, selon moi, c’est que les comportements des insectes ont un substrat cérébral. Toutefois, le lien entre ce substrat et le ressenti est une hypothèse difficilement démontrable empiriquement (problème difficile). De plus, elle suppose que les prérequis pour le ressenti sont assez minimaux : est-ce que les robots en mesure de se déplacer, de déplacer leur « corps » dans l’environnement, avec une capacité de mémoire, d’intégration sensorielle et de position dans l'espace ont un ressenti ? De plus, selon le texte, l’intégration de l'information spatiale semblerait particulièrement importante pour le ressenti (ce qui permet d’expliquer la croyance des auteurs que les plantes ou les méduses n’ont pas de ressenti). Cette affirmation suggère de façon risquée qu’il soit impossible qu’un modèle de Turing T3 ait un ressenti.

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    1. Des excellentes observations, David, mais pourquoi tires-tu la conclusion qu'un T3 ne pourrait avoir le ressenti?

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    2. Je me questionne également à ce sujet : est-ce qu'un T3 possédant la capacité de créer un modèle neuronal de son déplacement dans l'espace et la capacité d'intégrer ou de combiner les informations sensorielles posséderait le ressenti?
      Aussi, lorsque Klein et Barron réfèrent (dans la section 2) à la différence entre l’intégration (d’ailleurs, qu’est-ce qu’une « intégration » de l'information sensorielle? Quelle en est la résultante?) et la connexion dynamique/en continu, que veulent-ils dire? Selon les auteurs, la connexion serait d'autant plus importante dans leur modèle explicatif du ressenti ou de « l'expérience subjective ».

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    3. Il y un effet miroir trompeur dans toute tentative d'explication causale du ressenti. C'est là que le problème des autres esprits (« comment constater quelles espèces ressentent, et qu'est-ce qu'elles ressentent? » ) devient le problème difficile (« comment et pourquoi est-ce que les espèces qui ressentent ressentent-elles? c'est quoi la fonction causale du ressenti? »

      Ce qui arrive avec chaque tentative d'explication causale c'est que ça devient circulaire (ainsi qu'homonculaire): on projette le ressenti sur l'explication et ensuite on l'en déduit. K & B font leurs paris sur l'espace. Il y a l'espace. On ressent l'espace. Il faut « représenter » l'espace dans le cerveau pour le naviguer, le rappeler, l'anticiper, etc. Donc il faut que l'espace soit ressenti...

      Oui, on ressent l'espace plutôt que juste traiter l'espace comme un robot. Mais c'est quoi la fonction causale du fait que l'espace est ressenti, plutôt que juste « représenté » et traité, comme chez un robot?

      Mais s'ils se trompent dans leur théorie causale du ressenti (problème difficile), K & B ont probablement raison que les insectes ont le ressenti (problème des autres esprits) pour la même raison que les vertébrés ont le ressenti. Raison qu'on ne peut pas expliquer causalement sans tomber dans la circularité/homoncularité (problème difficile).

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  3. Klein, Colin and Barron, Andrew B. (2016) Insects have the capacity for subjective experience. Animal Sentience 9(1)

    1/ À mon avis, il est dommage que Klein et Barron aient utilisé les termes « conscience » et « expérience subjective » dans leur article. Le terme ressenti ou l’expression « something it is like » (de Nagel, 1994) sont beaucoup plus clairs et portent moins à confusion.

    2/ Le mécanisme explicatif du ressenti proposé par Merker (2007) et détaillé dans l’article est intéressant, mais comme le soulève Tye (2016), il ne s’agit pas d’un modèle faisant l’unanimité dans la communauté scientifique. Cela fait en sorte que des critères sont établis pour statuer sur la présence (ou non) du ressenti chez une autre espèce en fonction de la similarité des structures cérébrales, en plus de ne pas fournir une explication convaincante à propos du ressenti des autres espèces dès lors que quelqu’un ne soutient pas ce modèle explicatif.

    Tye propose plutôt de procéder par observation des comportements qui reflètent la « métacognition » chez les autres espèces. Toutefois, cette alternative pose le problème de l’homoncule. Key (2016) propose à son tour une approche alternative mesurant la « conscience » par le mécanisme de « métareprésentation » des computations neuronales qui génèreraient des « représentations » sensorielles. Cette approche pose le même problème que la précédente, en plus d’omettre de définir plusieurs des termes utilisés.

    Voir : Tye, Michael (2016) Are insects sentient?. Animal Sentience 9(5) et Key, Brian (2016) Phenomenal consciousness in insects? A possible way forward. Animal Sentience 9(17)

    3/ À noter ce passage intéressant de l’article : « Note here the important distinction between the capacity for subjective experience and the particular contents of experience at a given time. The human cortex obviously makes a considerable contribution to what we are aware of. […] Similarly, there ought to be considerable variation in conscious content across phyla. Yet these are all variations which require the capacity for subjective experience in the first place. ».
    Ceci me semble être un élément essentiel à la question du ressenti chez les autres espèces : il existe des variations dans le ressenti à travers les différentes espèces, mais il ne faut pas oublier que pour que ces variations existent, il faut être un être sensible à la base. J’ai l’impression que c’est un aspect qui est négligé lorsque l’on débat sur le ressenti d’une autre espèce en comparant sa capacité à ressentir telle valence/activation/plaisir ou déplaisir que l’humain arrive à caractériser grâce à ses capacités cognitives et à son langage.

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    1. 1. « ressenti » plutôt que tous ses vagues quasi-synonymes trompeurs (“weasel words”) — totalement d’accord avec toi

      2. Merker fait des bonnes critiques, mais, comme tout le monde, il capote sur le problème difficile. Key et Tye se vouent au même sort avec leurs « meta… ».

      3. Encore d’accord. Si les autres ressentent la même chose que moi, c’est une question. Mais s’ils ressentent tout court est une autre.

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  4. L’article de Klein et Baron parle d’expérience subjective plutôt que de ressenti et lie cette expérience au cerveau moyen chez l’être humain et les vertébrés. Il compare cette région cérébrale à celle des insectes et affirme qu’ils seraient capables de cette « expérience subjective ». Il ne nous dit pas si l’insecte pourrait ressentir la douleur. Il parle peu du comportement de l’insecte.

    Fait intéressant, il associe la mobilité et la conscience : « We have emphasized throughout the importance of a mobile lifestyle in driving the evolution of consciousness. » De plus, il tente de redonner des lettres de noblesse au cerveau des insectes : « Insect brains have been consistently underestimated, and it is worth addressing some of those misunderstandings. »

    En parlant plus du comportement des insectes et en définissant l’expérience subjective en termes de ressenti, l’article aurait été plus convaincant.

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    1. « expérience subjective » = ressenti

      J’ai cherché à convaincre K & B à laisser tomber les “weasel words” mais ils tenaient à les garder — mais en admettant que ça voulait dire exactement la même chose que le ressenti… Il gardaient leur terminologie parce que leur article était basé sur un article précédent ou cette terminologie dépensière et distrayante avait été utilisée.)

      Leur insistance sur la distinction entre la « conscience » et la « conscience d’ordre supérieur » est valide et revient au même. Ils s’égarent juste quand ils cherchent à se heurter au problème difficile avec leur théorie de la représentation (et ainsi le ressenti) de l’espace.

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Été 2019 : Le problème des autres esprits des autres espèces (mardis & jeudis 9h30-12h30 PK-3605

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