vendredi 4 janvier 2019

Semaine 9. Les invertébrés marins :  Les poulpes


Ni dans les océans…
  • Godfrey-Smith, P. (2016). Other minds: The Octopus, the sea, and the deep origins of consciousness. Farrar, Straus and Giroux.
  • Mather, Jennifer (2019) What is in an octopus's mind? Animal Sentience 26(1) 
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5 commentaires:

  1. Les céphalopodes sont des organismes solitaires qui font l’objet de prédation de plusieurs espèces diurnes, nocturnes, et même des membres de leur propre espèce. Leur environnement complexe (incertain et changeant) semble avoir contribué à leur conférer une flexibilité comportementale remarquable. Un des comportements souvent évoqués pour démontrer leur intelligence flexible est leur capacité de s’évader de structures contraignantes. Leurs 8 bras avec un nombre quasi illimité de degrés de liberté de mouvement, ainsi que les ventouses dont ils sont dotés leur permettent en effet de manipuler et de produire des comportements moteurs complexes.

    Gutfreund propose que la complexité de ces comportements favorise l’anthropomorphisme, mais que des explications alternatives existent pour les comportements d’échappement : « We begin with the observation of an octopus solving a complex problem; this builds our confidence in the octopus having some understanding and reasoning about the situation just as we do (i.e., a mind). However, after realizing that the dynamics of multiple simple and automatic elements inevitably leads to the desired outcome eventually, one’s confidence in the octopus’s subjective understanding and planning is reduced. » Cette hypothèse est cohérente avec l’observation de Fiorito, von Planta et Scotto (1990) que les poulpes ne démontrent pas d’effet d’apprentissage lorsqu’ils doivent ouvrir un contenant pour accéder à un crabe. Ils ne deviennent pas plus rapides à force de faire la tâche, ce qui semble cohérent avec l’hypothèse des comportements d’explorations « automatiques » qui mènent au résultat désiré.

    Toutefois, comme Nicolas l’a soulevé en classe, il demeure d’autres comportements ingénieux observables chez les poulpes qui sont difficilement explicables par des comportements d’exploration automatique, p.ex se protéger avec des demies noix de coco, ou encore utiliser les extrémités de leurs bras pour imiter un vers qui se tortille. On pourrait penser, à l’instar de Mather, que ces comportements sont « imaginés » par les poulpes et qu’ils sont très créatifs pour résoudre des problèmes liés à la survie. À l’inverse, on pourrait aussi se dire qu'une imagination, ou une capacité de comprendre leurs propres actions n'est pas nécessaire à leur mise en action. Est-il justifié d’exclure que ces comportements puissent être le fruit de la sélection naturelle ou encore de l’apprentissage par conditionnement opérant (plutôt que de l'invention d'une stratégie créative)?

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    1. Avec suffisamment de temps pour les essais, erreurs, et corrections selon les conséquences du succès ou de l’échec, toute capacité d’apprentissage peut s’expliquer en termes mécaniques — que ce soit l’évolution par les mutations aléatoires et leurs conséquences en termes de survie et de reproduction, ou que ce soit par les explorations aléatoires des 8 bras souples de la pieuvre, ou par l’action des réseaux de neurones supervisés par la rétro-propagation des erreurs renforçant les succès et les échecs. L’explication causal est nécessairement une explication mécanique et non mental (ressenti, libre arbitre). Même le raisonnement verbal n’est pas une exception: il doit y avoir un mécanisme sous-jacent.

      Pourtant, on sait qu’il y a le ressenti, et le ressenti de l’agence — d’être la cause de nos propres actions. Aucune raison de douter que la même chose soit vraie chez d’autres espèces aussi. Est-ce vrai chez les pieuvres? Et qu’est-ce que ça change si le mécanisme sous-jacent est l’essai et erreur par les bras ou par les neurones?

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  2. À la différence des vertébrés, les pieuvres n’ont pas un système nerveux centralisé et, comparativement aux humains, la vision ne domine pas leur perception. Mather (2019) soutient tout de même que les pieuvres ont le ressenti (ou « have a mind »), notamment parce qu’elles agissent pour découvrir leur environnement ou par peur (et non seulement par automatisme), en plus de posséder des capacités cognitives impressionnantes. Les pieuvres illustrent un cas où l’organisation neuronale et le comportement sont à ce point différents de ceux des vertébrés qu’il est difficile de croire que cette espèce possède le ressenti. En effet, Mather (2019) explique que nous ne comprenons pas encore tout à fait comment un système organisé comme celui des pieuvres fonctionne et interagit, c’est à dire à la fois bilatéralement pour le cerveau et radialement pour les bras.

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    1. Si elles n'utilisent pas beaucoup leur vision, comment font elles leur remarquables camouflages (en couleur, forme, et texture 3D)? C'est une capacité miroir.

      Et à part de l'exploration et la peur il y a aussi l'agression, le jeu et la paradr nuptiale...

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  3. Lise
    Godfrey-Smith décrit les poulpes comme pouvant réagir en se déplaçant vers des concentrations de certains produits chimiques et loin des autres.Cependant, l’extérieur de chaque cellule d’E. Coli comporte un ensemble de capteurs comme une collection de molécules reliant la membrane externe de la cellule.Autrement dit,c'est la partie d’«entrée» du système et à la fois la partie "sortie"qui est composée de flagelles, de longs filaments avec lesquels la cellule nage. En outre,la bactérie E. Coli a deux principaux mouvements: il peut courir ou tomber. Quand il court, il se déplace en ligne droite, comme on pouvait s'y attendre et quand il tombe, il change de direction au hasard.Néanmoins,une cellule peut basculer continuellement entre ces deux activités.Lorsqu’elle détecte un produit,la cellule augmente la concentration de la nourriture et sa chute est réduit.

    Concernant les céphalopodes,j’ai pu apprendre à travers la lecture de ce texte que le calmar se sert des bactéries pour produire de la lumière grâce à une réaction chimique.Les bactéries contrôlent ainsi l’éclairage du céphalopode en détectant la concentration locale d’une chaîne neuronale de ganglions et donne à chaque ganglion une idée du nombre de lumière qu’il peut produire.Quand suffisamment de lumière est produite, le calmar qui héberge les bactéries en profite pour se camoufler.

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